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Parler aux Oiseaux
Ed. Moires, 2012

Extrait (pp. 9-10) :
Qu’est-ce qui ne va pas avec vous ? C’est la première question à se poser. Vous ne pourrez pas raconter une histoire si vous ne comprenez pas ce qui ne ne va pas avec vous. Si vous ne comprenez pas ce qui ne va pas, vous ne ferez pas un bon début. Si vous n’avez pas un début bien ficelé, vous construisez les yeux fermés, un mur où, au fur et à mesure, le décalage est visible à l’oeil nu. Et si on n’a pas un bon début, on n’a pas la bonne fin. La première question ce n’est pas, alors qu’est-ce qu’il se passe ensuite ? Non, mais qu’est-ce qu’il y a d’abord. Qu’est-ce qui ne va pas ? C’est la première pierre qu’on pose, sur ce qu’il y a d’abord. C’est comme ça. C’est le début du conte.
C’est parce que quelque chose ne va pas avec vous que vous n’arrivez pas à finir une histoire. A en venir à bout. Finir par la raconter. Et c’est aussi pour cela que vous l’écrivez. Vous vous lancez, vous êtes lancé, et écrivez : le conte commence par ses propres objets. Ecrivez : d’abord, l’obscurité. Et vous écarquillez et qu’est-ce que vous voyez ? Vous écarquillez vos yeux derrière vos doigts, petit à petit, et ça vous fait comme des sphincters à la place des yeux. Vous vous escrimez. Quelle est la forme qui vient en premier ? Est-ce la silhouette d’un humain derrière un feuillage ? Décrivez : quel est ce lieu, si c’est un lieu ? Ecartez, il faut écarter les chairs du conte pour y pénétrer et commencer par nommer les objets, les silhouettes, les formes, émergés de l’obscurité.

 





Pourtant la mort ne quitte pas la table
Ed. Moires, 2012

Extrait :
VIRAGE DANS LE COULOIR. À petits pas – un problème aux hanches – je m’égosille en parlant bas – comme pour observer – je me rapproche. J’ouvre une porte qu’est couverte de traces que le temps a laissées en sortant.
C’EST ÇA QU’ON CHERCHE ? J’ai retrouvé ce harnais dans un carton. Et puis ce petit blouson qu’était au chien. C’est insignifiant. Ça c’est le tee-shirt d’un gamin. Il a dû servir à essuyer des boulons… c’est du cambouis ?
QU’EST-CE QUE J’AI BIEN PU PERDRE QUE J’AI OUBLIÉ ? Et pourquoi cette curieuse atmosphère ?